La méthode inductive ? Oui mais pas à l’école !

Analysons la Méthode inductive vs. déductive dans l’éducation. Cette question m’interroge parce qu’il y a une absence de ces méthodes inductives dans les systèmes éducatifs primaires et secondaires, contrastant avec leur usage croissant dans le milieu professionnel. La méthode inductive facilite la compréhension et l’ancrage des apprentissages. Alors pourquoi ne l’applique-t-on pas à l’école ?

La méthode déductive est profondément enracinée dans la philosophie européenne depuis le 17ème siècle (Descartes, Hegel). Cette méthode privilégie la théorie avant la mise en application. En revanche, les traditions britannique et américaine ont historiquement favorisé une approche inductive, commençant par l’application pour en déduire les règles. L’approche asiatique, quant à elle, se distingue par une vision macroscopique avant de plonger dans les détails.

Bien que la méthode déductive soit enseignée à l’école, nous utilisons les deux approches dans notre vie quotidienne. Prenons l’apprentissage des langues, sans immersion et pratique, vous apprenez la grammaire et vous connaitrez la conjugaison des verbes mais vous serez incapable d’échanger avec un natif. L’immersion bien que plus brutale s’avère permettre une acquisition plus rapide et une meilleure capacité à communiquer. Pour les mathématiques, il est plus facile de commencer par la théorie mais certains professeurs m’ont soutenu qu’une approche inductive est possible. Je vous invite à expérimenter et à intégrer la méthode inductive dans vos pratiques.

La prédominance de la méthode déductive dans l’éducation européenne

• Dans les écoles primaires ou les écoles secondaires, on explique toute la théorie et puis on fait des exercices.
• Cette approche est liée à la philosophie européenne, remontant au 17ème siècle avec René Descartes, qui a ancré l’idée d’abord de la théorie, puis de la recherche de preuves avant l’application.
• Au 19ème siècle, Hegel a complexifié cette approche avec la démarche déductive dialectique hégélienne (thèse, antithèse, synthèse).
• Cette tradition est tellement ancienne qu’il est très difficile de changer cette manière de faire. C’est dans nos mœurs on comprend d’abord le pourquoi des choses avant d’aller mettre en application.

La méthode inductive privilégiée dans les traditions britannique et américaine.

• Contrairement à l’Europe, les Britanniques (Roger Bacon au 13ème siècle, Francis Bacon au 16ème siècle) et les Américains adoptent une démarche inductive.
• Ils vont avoir cette démarche complètement opposée et commence par la mise en application pour en déduire des règles.
• Les Américains vont même aller encore plus loin, pour eux il n’y a rien de plus important que les applications. Ce qui est important, c’est le comment.

L’approche macroscopique distinctive des Asiatiques.

• Les Asiatiques ont une démarche complètement différente qui n’est ni purement théorie-application ni application-théorie.
• Ils ont une approche macro : on regarde l’environnement complet, comment ça fonctionne, comment ça s’interconnecte.
• L’accent est mis sur une vision d’ensemble, une approche holistique, avant de passer au détail (micro).

L’utilisation naturelle des deux méthodes dans la vie quotidienne et leur influence sur la pensée.

• Bien que l’école privilégie la déductive, on utilise aussi bien la démarche déductive que la démarche inductive dans la vie de tous les jours. Par exemple, si on prépare un voyage en Italie : on va imaginer ce voyage et de là va en découler l’organisation ce qui en fera par la suite une habitude et des règles à suivre pour ne rien oublier.
• Cependant, l’école utilisant la démarche déductive va influencer notre mode de pensée.

Critique de l’approche déductive dans l’enseignement des langues

• Apprendre une langue avec une démarche déductive (apprendre la théorie, les règles grammaticales) permet de savoir écrire parfaitement, mais nous perd sur le terrain, lorsqu’on est plongé dans le pays concerné. Et oui, on découvre des manières de parler que l’on avait pas appris, des expressions, des mots…
• Et pourtant je connaissais tous les verbes irréguliers ! Oui oui 20/20 : tu connais tous les verbes irréguliers, tu sais comment on lit l’heure. Par contre, tu es incapable de demander ton chemin.
• L’apprentissage inductif (immersion, pratique directe) serait beaucoup plus simple et rapide pour l’acquisition d’une langue, même si on parle de manière brouillon. C’est quand on est plongé dans un pays qu’on peut vraiment apprendre une langue.

Et les mathématiques ? Méthode inductive impossible ?

• Je suis un peu plus mitigé pour les mathématiques, car il est plus pertinent de comprendre une formule avant de l’appliquer.
• Cependant, il serait aussi possible de donner la formule, faire plein d’exercices et se prendre conscience de la théorie liée à cette formule.

L’application et les avantages de la méthode inductive dans la formation professionnelle.

• Dans mes propres formations professionnelles, je m’efforce d’avoir le plus de démarches inductives possible.
• je privilégie la mise en application immédiate : j’aime beaucoup mettre tout de suite mes apprenants en application.
• Une phase de débriefing après l’application est cruciale pour aller chercher les théories, ça permet aux apprenants de comprendre par eux-mêmes et d’être acteurs de leur apprentissage.
• Cela renforce l’ancrage des concepts.

L’expérimentation dans l’enseignement.

• Je ne suggère pas de supprimer complètement la méthode déductive, mais d’être simplement plus ouvert aux autres méthodes.
• Réfléchissons à comment intégrer des exercices ou des mises en situation pour engager les apprenants.
• Une remise en question est nécessaire dans l’enseignement en France. Le changement est difficile, mais il est important de se mettre en mouvement, d’essayer, même si la première tentative est ratée.

Conclusion

Les pratiques pédagogiques dominantes, enracinées dans l’histoire philosophique, sont difficiles à modifier mais je pense qu’une plus grande ouverture à l’intégration des méthodes inductives est possible. L’approche inductive a toute sa place à l’école, particulièrement dans l’apprentissage des langues et la formation professionnelle. Ainsi, nous offrons à nos apprenants la possibilité de placer les apprenants au cœur de leur apprentissage en les rendant plus actifs et en facilitant l’ancrage des connaissances.